Art Promotion sa

Eugène De Bie

Watermael-Boitsfort 1914 - Quimper 1983


En souvenir du peintre et de son épouse Marthe

A l’occasion du 40e anniversaire de leur mort accidentelle survenue durant l’été 1983 sur les routes de Bretagne

Portrait de Eugène de Bie

Portrait d’Eugène De Bie par Fernand Dumeunier-1946

Portrait de Marthe de Bie

Marthe et Eugène De Bie vécurent au Guilvinec de 1947 à 1960 et y passèrent deux à trois mois par an de 1960 à 1983.

L’Artiste et son épouse fin des années ‘40

Eugène de Bie et la Bretagne

Rue Eugène De Bie au Guilvinec – Sud Finistère – Bretagne

Introduction

Né en 1914, Eugène De Bie acquiert une solide formation artistique en Belgique et à Paris, auprès des Maîtres tels qu’Anto Carte ou Van Haelen. Prix de Rome en 1937, il consacre sa vie entière à une œuvre qui, rejetant toute appartenance à une école ou à une « mode », n’a jamais renié sa profonde authenticité. Plutôt qu’être à l’affût de l’avant-garde, de ce qui plaira ou défraiera la chronique, De Bie s’est laissé mener par les événements de sa propre existence, par les rencontres, par les impressions multiples des lieux et des personnes. Ainsi, sa chère Bretagne, ne vit-elle pas seulement par ses paysages et ses marines. Il y a puisé une humanité profonde, liée à la mer, ballottée par les tempêtes, accrochée à ses légendes. Portraits de marins burinés, rassemblement au sortir d’une église, plages vierges sous un ciel plombé, tout, jusque dans ses natures mortes, porte la marque d’un bouleversement, d’une révélation. Une révélation qui, bien que centrée sur l’être humain, bousculera aussi la gamme chromatique et mènera à la découverte d’une lumière qui éclaire toute la production à venir.

La Bretagne a éclairci la palette de De Bie au même titre que les événements de sa vie - et la maturité en marche - l’ont fait accéder à un monde supérieur, imaginaire, fantastique, on pourrait même dire fantasque. Peuplé de créatures vaguement familières, d’animaux inquiétants et, plus tard, d’authentiques fantômes en draps blancs, l’univers intime d’Eugène de Bie s’est progressivement métamorphosé sur la toile en un théâtre où la comédie le dispute au drame. Là, tout est permis. Un balai, coiffé d’un chapeau boule disputant une partie d’échecs avec une jeune femme transie, un chevalier prisonnier d’une armoire, un arlequin mélancolique, un carrosse brisé témoin d’une tragédie, un grenier où conversent d’élégantes silhouettes.... Et toujours, il continue à peindre la Bretagne, il remplit des carnets de croquis, dessine tout ce qu’il voit et qui inspire.

L’œuvre d’Eugène De Bie aurait encore pu s’enrichir considérablement si un accident de la route n’avait brutalement mis un terme à une carrière féconde. L’œuvre est là, abondante, variée, trépidante de vie et d’imagination, jouant délibérément la carte de l’humour et de l’angoisse, c’est selon, servie par une technique magistrale et une construction sans faille.


Didier Paternoster
Licencié en Histoire de l'Art ULB
Critique littéraire et artistique
Collaborateur au Conseil des Musées Bruxellois

L'accident

Articles de presses bretonnes et belges, relatifs à l’accident qui coûta la vie à Marthe et Eugène De Bie

Coupure de presse de l'accident d'Eugène de Bie et de son épouse Marthe
Coupure de presse de l'accident d'Eugène de Bie et de son épouse Marthe
Coupure de presse de l'accident d'Eugène de Bie et de son épouse Marthe
Coupure de presse de l'accident d'Eugène de Bie et de son épouse Marthe

Le Soir et La Libre Belgique sont les deux principaux quotidiens de Belgique

Présentation de l'artiste et de son oeuvre

Par Denis Coekelberghs, Docteur en Histoire de l’Art « Université Libre de Bruxelles »
Texte extrait de la monographie consacrée à De Bie.
« Les Editeurs d’Art Associés – Bruxelles »
Paul Caso – Alexis Gloaguen (Bretagne) – Denis Coekelberghs.

Affirmer qu’Eugène De Bie débordait de talent ne demande pas de démonstration : il suffit de regarder ses œuvres pour y reconnaître une richesse d’invention inépuisable, une maîtrise technique totale - qu’il s’agisse d’un dessin à la mine d’argent, d’une toile à l’huile ou d’un pastel, une rare sûreté de trait. Tout semblait à la portée de cet artiste qui aurait pu choisir une carrière facile, brillante et académique si sa virtuosité innée n’avait pas été tempérée, contrôlée, sans cesse remise en question par une exigence personnelle sans pitié.

Il ne peut être question ici de décrire par le menu ce qui a fait la vie quotidienne de l’artiste : ces quelques jalons, recueillis de sa bouche, saisis au vol au cours de conversations inépuisables et passionnantes, ne veulent être qu’une première approche, nécessaire - et suffisante espérons-le - pour connaître et comprendre l’art de De Bie.

Que celui-ci, « artiste de naissance » n’ait pas à apprendre grand-chose de l’enseignement artistique ne surprend pas. Quelques noms l’ont toutefois marqué dans sa jeunesse, celui du Gantois J. Verleye par exemple, qui venait à l’Ecole St-Luc de Mons trois fois par semaine pour faire réellement travailler et participer ses élèves à l’exécution de tableaux et à leur inculquer les bases de la composition, alors que lui-même n’exposa jamais. De son passage à l’Académie de Bruxelles, De Bie préférait manifestement évoquer son camarade de virée Nicolas de Staël, plutôt que ses classes. Aussi s’empressa-t-il à l’époque de saisir l’occasion qui se présentait à lui pour s’inscrire aux Beaux-Arts et à l’Ecole du Louvre à Paris. Là, ses promenades quotidiennes à travers ces collections séculaires le mènent régulièrement devant la « Bataille de San Romano » de Paolo Ucello dont la géométrie le fascine. Sans doute devant ce chef-d’œuvre de la Renaissance aurait-il fait sienne cette vérité quattrocentesque : « La pittura è cosa mentale » ! C’est alors en tout cas qu’apparaît avec évidence pour De Bie l’absolue nécessité de contrôler par la raison son imagination débordante et ses fantasmes les plus brûlants. C’est pourquoi le jeune artiste - il n’a qu’une bonne vingtaine d’années -, insatisfait de son travail, ne cesse de détruire ses toiles. Il en garde cependant quelques-unes qu’il exposera notamment avec ses amis du groupe Nervia à Mons: Buisseret, Devos, Navez, Wallet, etc. Un grand dessin au fusain, une Pietà dramatique et noire comme un charbonnage en deuil, dans la grande lignée de Constantin Meunier, rappelle la dureté de cette période. Car c’est très vite le service militaire qui s’impose, puis la mobilisation et la guerre, les combats jusqu’au bout... « Les marins à la barre » d’un navire - d’un De Bie ? - désemparé sont le souvenir de ces inquiétudes et de ces horreurs. Mais De Bie entrevoit-il déjà dans cette grisaille la lumière incomparable de la Bretagne qu’il allait découvrir, émerveillé, en 1947 ? Accompagné de sa famille, il part au Guilvinec qui deviendra sa seconde patrie. C’est le coup de foudre pour ce bout du monde, le Finistère, où la mer, la terre et le ciel se confondent. D’emblée la palette de De Bie s’éclaircit, son observation des couleurs et des sonorités ambiantes se traduit en des jeux de formes et le conduit à l’abstraction. Mais il n’en est pas satisfait : il détruit, et à partir de ses compositions abstraites, il veut reconstituer non pas la réalité, mais sa réalité, son univers à lui, ce monde que sans cesse mais sans jamais se répéter, il fixe sur ses toiles et dont les illustrations de sa monographie sont le témoignage.

La Bretagne, dont De Bie ne manquait jamais de louer l’accueil et le goût spontané pour les arts, lui permit incontestablement de se réaliser et de trouver, petit à petit, le chemin du succès sans qu’il renonçât pour autant à ses perpétuelles remises en question. Aussi sera-ce pour lui, en 1952, un encouragement fou de voir Picasso arrêté devant une de ses toiles à la Galerie de Lyon dirigée par Rufin qui l’avait remarqué lors d’un passage à Quimper. Désireux de faire la connaissance de son auteur et surtout de le voir travailler, Picasso invita De Bie à Vallauris. De Bie gardait de ces moments un souvenir d’autant plus marquant que son hôte remaniait à cette époque ce hurlement silencieux et profondément tragique qu’est « Guernica »... Plus tard, c’est une rencontre avec Cocteau à Paris qui éclairera la carrière de De Bie qui entrera également à la Galerie Charpentier pour laquelle il peindra en toute liberté, détail qu’il convient de souligner et d’apprécier. Depuis lors, les qualités de De Bie se voient de plus en plus largement reconnues - ses nombreuses expositions énumérées ci-après en font foi - et son activité créatrice ne connaît pas de repos, partagée entre sa Bretagne libératrice et Bruxelles, où malgré tout, il garde ses racines.

Faut-il au terme de cette rapide évocation de la « vie » de De Bie, situer le peintre par rapport aux courants qui traversent l’Histoire de l’Art? L’exercice est toujours un peu vain et toute classification abusive. Aussi se bornera-t-on à écarter l’étiquette surréaliste qu’il refusait lui-même avec force, pour lui préférer celle de fantastique. Il aimait aussi se définir comme baroque: on le suivra volontiers, dans la mesure où son art, comme celui des vrais baroques, n’a de désordonné que l’apparence. Car rien n’est laissé au hasard chez De Bie : de la première esquisse crayonnée et abstraite qui s’impose à lui comme une musique et qu’il accompagne de mots, jusqu’à l’œuvre achevée, il y a chaque fois - comme en parallèle au déroulement de sa carrière linéaire - un remarquable cheminement soigneusement élaboré. Complexe, le style de De Bie l’est assurément. Il ne fait pas de doute que le trait le plus essentiel de son génie se trouve dans sa capacité de soumettre (dans le sens de proposer) son puissant imaginaire à une raison directrice.

En d’autres mots, on peut dire que dans son œuvre se trouve en quelque sorte l’union entre le Nord fantastique et la rationalité latine.

L'artiste

Par Didier Paternoster
Licencié en Histoire de l’Art ULB
Critique littéraire et artistique
Collaborateur au Conseil des Musées Bruxellois

S’il est certains artistes si commodes à placer dans une catégorie rigide, c’est là sans doute une preuve de leur manque de renouveau, d’exigence envers eux-mêmes. Une fois le style mis en place, il ne s’agit plus pour eux que d’exploiter toutes les variations sur un même thème. Eugène De Bie est un artiste qui se dérobe à toute catégorie. Il suffit de regarder quelques-unes de ses toiles pour se rendre compte de ce qu’il pouvait extraire de son art. Fantastique, baroque, anecdotique, expressionniste, bien malin qui pourrait lui accoler une étiquette. De Bie est tout cela à la fois mais avec la force de n’être rien d’une manière exclusive.

Né en 1914 à Watermael-Boitsfort (Bruxelles) issu d’une famille wallonne, De Bie s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il suit les cours du fougueux Van Haele. Trois autres personnalités influenceront ses débuts: Anto Carte qui lui enseigne les lois de la composition, Permeke à travers qui il découvre la rudesse de la vie flamande et, enfin, Ensor qui exerce sur le jeune artiste une influence plus intellectuelle. Deux ans à l’Ecole du Louvre à Paris parachèvent sa formation.

Mais la guerre interrompt ses premières œuvres. Blessé en 1940, il se retrouve avec son épouse et ses deux fils, dans une pauvreté qui l’empêche de se consacrer pleinement à la peinture. On retrouve dans les toiles des périodes « rouge » et « noire », les préoccupations et les fantômes de la guerre qui hantent son imagination. Heureusement, peu à peu, l’existence se fait plus clémente et quelques œuvres sont vendues.

C’est alors que surgit la Bretagne qui exercera sur le peintre une fascination qui ne se démentira pas jusqu’à sa mort. L’atmosphère du lieu, le chaleureux accueil des habitants l’émerveillent. Et De Bie s’immerge dans la lumière oscillante et la puissance des éléments. Cette terre riche de légendes et de mystères le laisse tout entier à la frénésie de peindre : natures mortes, paysages de campagne, marines, vues de ports, portraits de pêcheurs qu’il saisit en pleine activité, rien ne doit échapper à l’œil et au pinceau.

Installé au Guilvinec, petit port du Sud Finistère, le peintre est fasciné par les nombreux cirques qui s’y arrêtent. Commence alors une période où baladins, comédiens, masques et draperies se côtoient dans d’étranges compositions lunaires. Tous les mystères du spectacle et de l’artifice y sont contenus. Peu à peu, sa vision de la nature et sa conscience du surnaturel le portent à une interprétation mystique du monde.

Mille neuf cent cinquante-deux sera l’année des rencontres : Cocteau, Malraux, Picasso, tous le fortifient dans sa démarche mais lui font également prendre conscience de sa solitude au Guilvinec. C’est ainsi qu’en 1960, la famille De Bie revient à Bruxelles. Sensiblement, l’imaginaire de l’artiste s’affine, se présente comme source d’inspiration essentielle. Cet imaginaire qui s’incarne dans le personnage à la fois pathétique et théâtral de Don Quichotte.

Les dernières années voient s’épurer cet univers intérieur et amènent Eugène De Bie à la maturité. Fort de son expérience bretonne, ayant côtoyé une nature puissante et belle, il se tourne vers la synthèse ultime de l’imaginaire et du réel qu’il organise par un code de couleurs, de lignes et de constructions géométriques. Les figures humaines semblent confrontées à l’infini et s’avancent avec sérénité vers leur destin.

Le 7 juillet 1983, sur une route de Bretagne, le destin frappe cruellement. Un accident de voiture coûte la vie à la compagne du peintre. Eugène De Bie, grièvement blessé, décède le 20 août et s’en va rejoindre son épouse dans le petit cimetière du Guilvinec.

Ainsi disparut un homme dont l’unique ambition aura été de croire en l’art, de vivre par lui et d’y trouver une source de joie. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus. Regardons, simplement, et rappelons cette phrase du grand Rodin : « Les belles œuvres, qui sont les plus hauts témoignages de l’intelligence et de la sincérité humaines, disent tout ce que l’on peut dire sur l’homme et sur le monde, et puis elles font comprendre qu’il y a autre chose que l’on ne peut connaître ».

Sélection de quelques oeuvres réalisées en Bretagne par Eugène de Bie

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Noces Bretonnes – Huile s/toile 50x70

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

La Collation – Huile sur toile – 45x60

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Entre amis - Huile s/toile – 54 x 74

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

La frayeur du marin –Huile s/toile–60x70

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Enfant de pêcheur–Huile s/panneau 47x32

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Le désespoir - Huile s/toile - 25x31

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Village breton Gouache - 33x48 - ca 1947

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Village breton sous l'orage - Aquarelle - 30 x 40 - ca 1980

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Enfants dans la lande bretonne - Aquarelle -31x 44 - ca 1950

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Intérieur breton – Encres de couleurs - 22 x 29 - ca 1950

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Préparation de la noce – Esquisse –11,50 x 32

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Chapelle de Perros-Hamon

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vieille bretonne en prière dans la Chapelle de Perros-Hamon
Technique mixte – 35 x 23

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Après la tempête - Encre de Chine et lavis - 11x19

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Bretons consultant la liste des marins portés disparus - Encre de Chine 28x12

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Village au-dessus de la falaise - Encre de Chine et lavis – 11x19

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Bretonne assise - Crayon – 50x40

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Pêcheur – Crayon – 24x14

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vieux pêcheur breton - Gouache - 20x13

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Breton – Gouache– 22x16,5

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Le lever de la petite bretonne
Huile s/panneau-31x41 - Collection privée

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Clown - Cirque de passage au Guilvinec
Encre de couleurs et lavis 31x23

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Groupe de masques dans un cirque ambulant
Encre de Chine et lavis – 32x21

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Les bohémiens - Huile s/toile - 75x70

Acquisition prestigieuse

Musées du Vatican

Une œuvre bretonne d’Eugène De Bie entre dans les collections des Musées du Vatican
Mai 2007
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Pietà en Bretagne - Gouache – 50 x 65

Un événement dans la postérité de l'œuvre d'Eugène De Bie

Une œuvre du peintre belge Eugène De Bie fait désormais partie des collections du Vatican. Il s’agit d’une « Pietà en Bretagne » peinte à la gouache dans les années soixante (50x65 cm) qui a rejoint, il y a quelques semaines, les collections prestigieuses de la Cité vaticane. Une belle reconnaissance pour l’artiste disparu en 1983 et dont l’œuvre compte quelques pièces d’art religieux qui avaient été réunies en une exposition thématique à la Basilique de Koekelberg (Bruxelles) en 1992, exposition dont le catalogue avait été préfacé par Mgr Danneels.

D’autres œuvres d’Eugène De Bie figurent déjà dans plusieurs édifices religieux d’Europe : une Croix monumentale en l’église Sainte-Marie-Mère-de-Dieu à Forest (Bruxelles), un Chemin de Croix en l’église Saint-Martin à Jemappes (Belgique), tous deux classés par l’IRPA « Institut Royal du Patrimoine Artistique de Belgique », un Christ en croix dans la Chapelle de l’Ecole Sainte-Thérèse d’Ergue-Armel (Bretagne/France), une tête de Christ couronné d’épines au Couvent des Religieuses Trinitaires de Valence (Genève/Suisse) ainsi qu’un Saint-François en la cathédrale de Tempio (Sardaigne/Italie).

On sait combien la découverte de la Bretagne a été décisive dans le parcours personnel et artistique d’Eugène De Bie. La vie rude des pêcheurs, les paysages battus par l’Océan et le vent, mais aussi l’empreinte d’innombrables légendes et l’omniprésence des témoins de l’histoire religieuse, les calvaires notamment, ont eu un impact certain sur l’imaginaire du peintre. La « Pietà » vaticane appartient à cette veine bretonne et renoue avec une narration qui situe la vie du Christ dans un contexte local et non plus historique, d’où son appellation de « Pietà bretonne ». Loin des évocations emphatiques et militantes, la «Pietà» de De Bie s’attache à évoquer l’affliction en une scène intime dont certains protagonistes affirment clairement, par leur costume traditionnel, la transposition d’un moment de la vie du Christ en une autre époque et un autre lieu. Par sa composition claire et enlevée, des couleurs limpides et sa dynamique ascensionnelle, la « Pietà bretonne » donne une vision à la fois intimiste et puissante des souffrances du Christ.


Didier Paternoster - Septembre 2007

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Entrée des Musées du Vatican

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

De gauche à droite Pierre Goffin et Mgr Palazzio
Sur la terrasse du Palais Pontifical après les négociations pour l’acquisition de l’œuvre par les Musées du Vatican en 2007

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

2e à partir de la gauche, Mr le Consul Riebs

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Ann Uustalu, Diplomate Suédoise Josyanne Goffin et Mgr Palazzio

Présence de l'ambassade de France

A l’occasion d’une exposition consacrée aux œuvres bretonnes d’Eugène De Bie
La Commanderie - 2013

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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SE Monsieur Bernard Valero, Ambassadeur de France
Mr Sylvain Berger, Consul Général de France en Belgique
Mme Martine Reyners - Soprane - Pierre Goffin

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La Commanderie - Anno 1619
Siège du Syndicat d’Initiative et de Promotion de Bruxelles

Sur les pas d'Eugène de Bie au Guilvinec

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Le port du Guilvinec

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Le port du Guilvinec

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Au pied du phare d’Eckmül

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Au pied du phare d’Eckmül

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Maison de la famille De Bie au Guilvinec

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Rue Jean Baudry - 29730 Guilvinec, France

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Le tombe de Marthe et Eugène De Bie au Guilvinec

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Le tombe de Marthe et Eugène De Bie au Guilvinec

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Le rue Eugène de Bie au Guilvinec

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Hommage de la Mairie du Guilvinec

D'autres événements marquants

Expositions

Abbaye de Forest/Bruxelles (1977)

Rétrospective en présence de l’Artiste
Une organisation de la Commune de Forest

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Mr Jacques Lepaffe, Bourgmestre de Forest, Eugène De Bie et le poète breton, Alexis Gloaguen

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vues partielles de l’exposition

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vue partielle de l’Abbaye de Forest Bruxelles

Galerie Reymondin - Lausanne (Suisse)

De Brueghel à Magritte (mai 1983)

En 1983, Eugène De Bie avait été sélectionné parmi les meilleurs peintres contemporains belges pour figurer, à cette exposition, aux côtés de Maîtres Anciens.

Trois mois plus tard, De Bie et son épouse trouvaient la mort dans un accident sur les routes de Bretagne. Ils reposent tous les deux dans le cimetière du Guilvinec.

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Brueghel – Collection privée (Belgique)
Eugène De Bie (1914-1983) « La Ronde endiablée »
Collection de la Région Wallonne de Belgique

Abbaye de Forest/Bruxelles (1984)

Exposition à la mémoire d’Eugène De Bie et de son épouse
Une organisation de la Commune de Forest

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Allocution de Mr André De Groeve, Bourgmestre de Forest
A droite, Mr Léon De Bie, fils de l’artiste

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vues partielles de l’Abbaye

Hôtel de Ville de Bruxelles

Rétrospective

Une organisation de l’Échevinat de la Culture de la Ville de Bruxelles

Mars/avril 1990

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Photo de gauche, Mgr Moretti, Nonce Apostolique, Mr le Ministre Hatry, SE Mr du Cauze de Nazelle, Ambassadeur de France
Photo de droite, l’Ambassadeur de France, Mr André De Groeve, Gouverneur de la Province du Brabant, Mr Schouppe, Echevin de l’Instruction Publique de Bruxelles et Président de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Vues d’ensemble des deux salles d’exposition

Maison « La Louve » Grand’Place de Bruxelles (1990)

Siège de la banque CBC

Rétrospective

Une organisation de la Banque CBC.

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Entrée et façade de « La Louve »

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Vues d’ensemble de l’exposition

Hôtel Puccini à Schaerbeek

Centre culturel de l’ancienne Province du Brabant
Rétrospective de dessins de De Bie

Sous le patronage de la Province du Brabant - 1990

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L’hôtel Puccini, Rue Royale 294-296 à Schaerbeek

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Monsieur André Degroeve - Gouverneur de la Province du Brabant

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SE Mr l’Ambassadeur Janssens et Mgr Moretti, Nonce Apostolique
Mr Didier Robert, Directeur du Département de la Culture de la Province du Brabant et le Nonce Apostolique
Mr André Degroeve et l’Ambassadeur Janssens

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

A gauche, Mr Léon De Bie, fils ainé de l’artiste

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Mgr Moretti et Pierre Goffin
Le Dr Libion, ami de l’Artiste et Josyanne Goffin-Té

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Vues partielles de l’exposition

Galerie le Quartz (Centre Culturel de la Ville de Brest (France)

Sous le patronage de la Ville de Brest et de la Région Wallonne (Belgique)

Mai/juin 1991

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Basilique de Koekelberg (Bruxelles)

Œuvres religieuses

Sous le Patronage de Monseigneur Danneels, Cardinal de Belgique.
Septembre 1992

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
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Palais Rihour (Centre Culturel de la Ville de Lille)

Sous le patronage de la Ville de Lille et de la Région Wallonne (Belgique)
Janvier 1993

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Rauman Taidemuseo - Rauma

Musée des Beaux Arts de la Ville de Rauma (Finlande)

Les dessins d’Eugène De Bie - Août 1995
Une organisation du Ministère de la Culture de Finlande et du Musée des Beaux-Arts de Rauma

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Marchand de vieux métaux - Encre de Chine - 32x21

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Jeune femme assise - Encre de Chine et lavis - 53x33

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Jeune mariée - Encre de Chine - 36x25

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

L’enfant aux chapeaux - Encre de Chine - 24x29

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Tentation de St-Antoine - Encre de Chine - 28x21

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

La fée - Encre de Chine - 30x20

Oeuvres dans des musées, institutions religieuses et publiques

Chapelle de l'école Sainte Thérèse d'Ergue-Armel (Bretagne)
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Christ en Croix

Musée des Beaux-Arts de Charleroi
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Une composition

Musée du Vatican
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Entrée des Musées
Œuvre de De Bie acquise par les Musées du Vatican
Photo prise sur les terrasses du Vatican après l’acquisition de l’œuvre
(De g.à dr. Ann Uustalu, Diplomate suédoise- Josyanne Goffin - Mgr Palazio)

Eglise St-Remacle - Jemappes/Mons
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Chemin de croix -14 stations - Huile s/toile - 80x60

Pour voir les autres stations du Chemin de Croix,
Nous vous invitons à cliquer sur « Œuvres religieuses Eugène De Bie »

Cathédrale de Tempio Pausania (Sardaigne)
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Saint François – Huile s/toile

Toile réalisée et offerte par l’artiste, à la Cathédrale, à l’occasion de la Profession de Foi de la petite-fille d’Eugène et Marthe De Bie

Hôtel de Ville de Forest- Bruxelles
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Le fauteuil rouge
Huile sur toile - 60x80

Toile réalisée et offerte par l’artiste, à la Cathédrale, à l’occasion de la Profession de Foi de la petite-fille d’Eugène et Marthe De Bie

Eglise Ste-Marie-Mère-De-Dieu
Rue du Melon Forest-Bruxelles
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Christ en croix – Huile sur bois - 190x170 ca 1972

Abri du marin - Le Guilvinec (Sud Finistère - France)
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Collection d’œuvres de De Bie

Congrégation des religieuses trinitaires de Valence Genève
Chapelle de la Clinique de la Colline
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Christ couronné d’épines
Pastel - 70x65 -1972

L'Elysette - Siège de la région Wallone - Namur
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne
Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Trois œuvres dont « La Ronde endiablée »

Hommage

Sur décision du Conseil Municipal du Guilvinec, le nom d’Eugène De Bie est donné à une rue de la ville où vécurent et sont inhumés Eugène De Bie et son épouse Marthe

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Classement par l’IRPA

Institut Royal du patrimoine artistique de Belgique

Christ en croix - Eglise Ste Marie Mère de Dieu à Forest-Bruxelles
Chemin de croix - Eglise St Remacle à Jemappes/Mons (Belgique)

Bibliographie

  • Arto, Bruxelles 1987 – Dictionnaire biographique illustré des artistes en Belgique depuis 1830
  • Eugène De Bie, Édit. d’art Associés, Paul Caso, Alexis Gloaguen, Denis Coekelberghs, Bruxelles, 1987
  • Catalogue de l’exposition rétrospective de dessins, aquarelles, pastels, gouaches, fusains d’Eugène De Bie. Centre Culturel de la Province du Brabant, Bruxelles 1990.
  • Catalogue : Basilique

Benezit

(Paris) Edition 1999
Editions Gründ – Paris – Tome 2 – pp.295 et 296

De BIE Eugène, né le 10 mars 1914 à Watermael-Boitsfort (Bruxelles). Mort le 20 août 1983 à l’hôpital de Quimper (Finistère), accidentellement. XXe siècle. Actif aussi en France. Belge.
Peintre de composition à personnages, portraits, figures, paysages, natures mortes. Fantastique.

Il fut élève de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, et remporta le Prix Godecharle et le Prix de Rome. Une bourse lui permit un séjour de deux ans à Paris, où il fréquenta assidûment le Musée du Louvre et l’École du Louvre. A la suite d’un premier voyage en Bretagne, il se fixa au Guilvinec, près de Quimper, de 1947 à 1960. Ensuite, il partagea son temps entre Bruxelles et Le Guilvinec, où il possédait désormais une maison de vacances, près de laquelle un accident de voiture provoqua sa mort. Il a participé à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles : 1979-Palais des arts et de la culture de Brest, 1982-Galerie Présences de Bruxelles, Foire Internationale de Bâle, IIe Triennale mondiale d’art figuratif à Lyon (où il obtint le Grand Prix de Composition), 1983-De Brueghel à Magritte à Lausanne, etc... Il a également montré ses œuvres dans de nombreuses expositions personnelles, entre autres: 1973-exposition rétrospective au Palais des Arts et de la Culture de Brest. 1977 exposition rétrospective à l’Abbaye de Forest (Bruxelles), et, après sa mort : Bruxelles en 1983, Bâle en 1984, à la mairie du Guilvinec en 1984, à l’abbaye de Forest en 1984, au Musée des Beaux-Arts de Mons (Belgique) en 1985.

De Bie a peint sur tous les thèmes : quelques paysages, surtout de Bretagne, des natures mortes, d’assez nombreux portraits ou personnages en situation : Le Repos du pêcheur par exemple. Mais c’est surtout dans les scènes d’imagination et dans les sujets fantastiques qu’il force l’attention. Dans les scènes d’imagination, il s’est choisi quelques personnages dans lesquels il se retrouve sans doute : des clowns, Saint-Antoine en proie à la tentation, Don Quichotte dans ses désillusions. Dans les sujets fantastiques, il accumule ensemble des éléments disparates, issus de ses rêves ou de ses fantasmes avec des obsessions souvent provoquées par le conflit latent entre son mysticisme et d’évidentes pulsions érotiques.

Quant à la technique, elle a évolué considérablement avec l’évolution des thèmes traités. Elle a évolué dans le sens d’une recherche de plus en plus poussée d’une fidélité descriptive minutieuse, exigée en particulier par les sujets fantastiques, donc irréels, auxquels il faut conférer crédibilité par la précision réaliste du détail. Ses sources ont été diverses: on reconnaît des souvenirs de Brueghel, de Jérôme Bosch, puis, avec un saut dans le temps, de Dali et surtout de Magritte, aussi bien quant à ce dernier dans les thèmes et les « collages » d’éléments disparates que dans la technique et jusqu’à la gamme des gris teintés qu’éveille quelque rouge: Le poids - Le diable dans la boutique - L’œuf musical - Le grand théâtre - La clé de l’espace - La coulisse – L’œuf infernal - La ronde endiablée - Le puits - Les femmes de l’été, et d’autres.

Malgré les sources et malgré les apparentements, c’est à dire malgré Bosch et malgré Magritte, De Bie a toujours récusé avoir un lien avec le surréalisme, revendiquant pour son compte le caractère fantastique. Pour conclure, on ne peut aujourd’hui que s’étonner de la relative méconnaissance qui a frappé une œuvre finalement considérable.
#Jacques Busse

Extraits de quelques critiques de presse

Témoin attentif de sa carrière, depuis ses premières productions, je parlerai seulement(...) de la partie spirituelle-symboliste de son effort, dans un monde où la facilité est reine, et où l’originalité la plus suspecte fait trop souvent figure de génie.

Ces impressions, je les ai depuis bientôt cinquante ans. Nous avons fait connaissance dans le train qui nous emmenait chaque jour de Mons à Bruxelles, lui à l’Académie, moi à l’Université. Et d’emblée nous avons fraternisé, « parce que c’était lui, parce que c’était moi » ! ainsi qu’eût dit Montaigne. Ce qui m’avait frappé en lui, moi l’aîné, c’était le sérieux et même l’autorité, malgré son âge, avec lesquels il parlait des choses de l’Art, avec un grand A... De Bie, plus sage et mieux informé, nous mettait en garde contre les tentations de facilité, s’efforçant de montrer ce qu’il pouvait y avoir de positif dans ces efforts, même les plus inattendus. Et l’avenir nous a montré combien il avait raison, en ce domaine où l’erreur d’aujourd’hui devient facilement le succès de demain.

J’ai conservé de lui, de cette époque, une terrible tête de Quasimodo qui, à mes yeux, valait bien celle de Jérôme Bosch, mon peintre de prédilection, encore maintenant. Nous avons la même conception de l’humanité.

Marion Coulon, Directeur Général Honoraire au Ministère de l’Education Nationale de Belgique, Décembre 1982.



Un des peintres contemporains les plus doués venait de disparaître...

On s’aperçoit de la grandeur réelle d’un chêne quand on le voit abattu. La place vide laissée par lui montre mieux encore sa grandeur. Il en va de même des hommes, et surtout des artistes et des poètes. Peintre et poète, Eugène De Bie le fut intensément. Sans doute, ne fallait-il pas attendre sa fin tragique pour savoir qu’il appartenait à la race des grands. Mais la beauté et la richesse de son œuvre prennent aujourd’hui une résonnance émouvante et profonde.

En possession d’un métier d’une perfection rappelant celle des Primitifs Flamands, doué d’une imagination somptueuse au service d’une culture vaste et raffinée, Eugène De Bie a mis dans ses œuvres une puissance créatrice où l’on retrouve l’imagination délirante d’un Jérôme Bosch allié à la grâce de Watteau évoquant des personnages de « la Commedia dell’arte ». Ses parentés spirituelles se fondent harmonieusement dans les compositions de De Bie et leur confèrent une originalité rayonnante.

Jean-Robert Delahaut,Terre d'Europe Bruxelles-Paris-Genève, 1983.



...Etrange destin en vérité que celui de ce descendant d’une longue lignée d’artistes, connue depuis le XVIIe siècle ! Il avait trouvé dans son berceau, une technique éblouissante et le vieil héritage de l’art fantastique.

Isolé dans sa propre féerie, Eugène De Bie a imposé une interprétation scénique et philosophique des passions humaines, en se souvenant du théâtre du Moyen Age, des antiques alchimistes, des fêtes du XVIIIe siècle et de l’angoisse de la mort qui a tout le symbolisme rituel dans l’Histoire de notre peinture, depuis les « Vanitas » des anciens maîtres jusqu’à la mort masquée d’Ensor.

Un mystère hantait Eugène De Bie : celui de l’éphémère passage de l’homme parmi tant de merveilles et tant de décombres. Sa composition « Le Secret » nous assure qu’il n’a pas voulu tout dire, au bout du voyage et de l’aventure, la mort se profile.

La Galerie Présences rend hommage au souvenir du peintre de « La Tentation de St-Antoine », de « l’Homme à la collerette » et du « Chevalier dans l’armoire ». On songe au climat de certains films d’Ingmar Bergman, au « Septième sceau » et à «L’Heure du loup». L’oiseau squelette et le petit singe sont les témoins de sortilèges souvent inquiétants.

Arlequin et Don Quichotte accompagnant l’ombre du peintre-poète dans les dédales d’un domaine archaïque savamment construit, aux couleurs somptueuses, à moins que « La Marée noire » ne vienne les obscurcir comme le malheur étend son voile sur la passion de la vie.

Paul Caso, Journal « Le Soir » Bruxelles. septembre 1983



Il est grand temps cependant que l’on rende justice à ce peintre qui rénova le baroque et le fantastique avec une mesure et cependant une magnificence qui n’appartient qu’aux tout grands.

Humaniste fervent, Eugène De Bie eut toujours à cœur de placer l’homme au centre de sa démarche. Ses compositions nourries de personnages, où rien n’est statique, où tout au contraire semble s’animer, nous présentent un perpétuel spectacle où se meuvent saltimbanques, marionnettes, sorcières, truands et bourreaux. On rencontre là aussi des travestis, des joyeuses commères et des prostituées, d’étranges petites filles et des princes coiffés de feuilles et de coquillages.

Bien sûr, l’artiste ne s’est pas limité à cet univers de bateleurs où les attitudes sont accentuées et les gestes feints. Une part importante de son oeuvre se trouve consacrée aux sites de Bretagne, aux barques échouées, aux fermes ceintes de murs de pierre, aux petites chapelles rustiques torturées par le vent.

Il est bon qu’on le sorte d’un assez incompréhensible effacement. Sans doute De Bie fut-il trop modeste et se préoccupa-t-il trop peu de la promotion de son travail? On peut faire des choses remarquables, exceptionnelles même, mais cela ne suffit pas. Encore faut-il que d’autres le sachent. C’est à quoi s’emploient ceux qui l’ont connu et aimé.

Stépahne Rey, Echo de la Bourse, Bruxelles, Octobre 1987.



Cet artiste peintre, au métier accompli, aborde avec autant de bonheur le paysage, la nature morte que le portrait. Mais où il se meut comme un poisson dans l’eau, c’est la composition. Sans doute parce qu’elle sollicite davantage de recherche, d’inspiration, de créativité, de liberté aussi dans l’interprétation. Une liberté qui, chez De Bie, n’exclut pas les règles fondamentales de l’art pictural. L’habileté de la mise en page, la richesse descriptive et la variété des décors, les majestueuses orchestrations nous font découvrir ou nous rappellent un artiste féru de la leçon des « Anciens » avec les rouges éblouissants de « L’œuf Infernal » mijoté à la manière de Brueghel ou de Jérôme Bosch... Cette peinture possède un pouvoir de suggestion tel que l’on est dépaysé tout au long de la visite. Et cette impression d’un « retour dans le temps » vous poursuit un moment grâce, pourrait-on dire, au cadre dans lequel se situe l’exposition : « L’Abbaye de Forest ».

Quant à « Arlequin », il est interprété de manière tragique qui rappelle Goya. Tragiques aussi les masques des « Marins à la Barre » qui nous font souvenir qu’Eugène De Bie est aussi fils de Bretagne...

R.Patesson, L’Echo de la Bourse, Bruxelles, 2/12/1977



La virtuosité de la technique fait songer à celle des maîtres anciens. Un souffle baroque anime les tableaux d’Eugène De Bie; il ne s’apaise que dans les marines de Bretagne où le peintre s’abandonne au plaisir de l’arabesque et à la mélancolie du ciel de cette vieille terre battue par les vents.

Paul Caso, Journal Le Soir, Bruxelles.



Les couleurs de De Bie aussi présentent une rare recherche : il vous a des bleus et des sortes de bruns - bruns de Venise - à vous ouvrir l’âme. Au grand technicien s’ajoute en De Bie le magicien transformant les fonds de grenier en lieux de vénération. Il tient du chevalier littéraire en quête du Saint-Ineffable qui surgit par tous les pores de ses tableaux de genre et le charme qui s’en dégage a fait la conquête de bien des milieux jusqu’aux plus huppés. André Malraux figure au nombre de ses appréciateurs exigeants; Picasso, Cocteau et Bernard Buffet ont acheté ses toiles.

Rodolphe van Loo, Ecrivain, Bruxelles.



Plusieurs périodes ont marqué dans l’œuvre de ce peintre belge né en 1914 d’une famille wallonne. Celle qu’il nous permet de découvrir actuellement est son époque « blanche ». Cette couleur prend en effet une grande importance presque symbolique dans de vastes compositions où il recrée un monde autour de personnages savoureux et théâtraux. La truculence flamande et l’amour d’aujourd’hui qui rejoint celui du Moyen Age s’accordent sous le pinceau de ce peintre qui a de son métier les conceptions et les connaissances techniques des maîtres anciens.

La Revue Moderne des Arts, Paris XVe,1976



Eugène De Bie qui utilise parfois un métier digne des maîtres anciens se livre dans des compositions au mouvement monumental aux blancs éclatants, dans des études philosophiques au caractère fantastique et pour notre plaisir dans quelques toiles de petits formats à la résonnance mystérieuse fort étonnante.

Alain Viray, Journal « La Dernière Heure », Bruxelles.



Eugène de Bie a été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Héritier des Flamands de la grande époque, il pousse l’amour de la tradition jusqu’à broyer lui-même ses couleurs. Surréaliste, il enchanta Picasso, Buffet, Cocteau. A la Galerie Chantepierre à Aubonne (VD), il expose surtout des dessins. Son monde y est songe et magie. L’homme y est lassitude et attente. Eugène De Bie est en quête de repos.

24 Heures Lausanne « Le Grand Quotidien Suisse » 15/2/1978

Hommage postum

Janine Sandres, Directrice de la Galerie Bodenschatz de Bâle

Artiste de naissance, a dédié sa vie à l’Art. Créateur infatigable, à légal des plus grands, il trouva dans son berceau une technique éblouissante. Précurseur du surréalisme, autant que de l’expressionnisme. Épris de baroque, sur la fin de sa vie, son interprétation fut plus pathétique, s’appuyant sur un symbolisme plusieurs fois millénaire de l’œuf brisé et de l’oiseau mort.

Eugène De Bie vous aviez deux visions du monde. L’une qui se joue de la destinée avec pour toile de fond, des escaliers, des tréteaux, des drapés et des tiroirs secrets. L’autre, celle du pays de votre cœur. Une fenêtre basse s’ouvrant sur votre chère Bretagne, terre de légendes, de spiritualité et de mélancolie. L’austérité des Bretons, leur mode de vie teinté de courage fut un exemple pour vous, chaque jour. Confrontés à des éléments hors mesure, ces hommes avaient pour obsession d’apprivoiser la mort. Comme eux, cette peur vous poursuivra toute votre vie. Un mystère vous hantait, celui de l’éphémère passage de l’homme parmi tant de merveilles et tant de décombres.

Votre œuvre est un mélange de l’union du Nord fantastique avec la rationalité latine. Vous avez médité plus sur les êtres et sur la nature que sur les idées.

C’est dans votre appartement exigu de l’Avenue Van Volxem à Forest-Bruxelles, dans ce salon qui vous servait d’atelier, que naîtront des œuvres d’une inventivité sidérante, nourries d’affirmations originales. Projection de vos rêves et de vos fantasmes. C’est de là aussi que reviendra, dynamisé, réduit à l’essentiel, votre « blanc » aux multiples nuances.

Mais n’était-ce pas la teinte franche des façades bretonnes où se reflétaient les ombres géantes des arlequins tristes qui dansaient autour des corolles aux feux de la Saint-Jean ou bien l’univers de pâleur symbole de votre quête vitale ?

Partagés entre érotisme et spiritualité, certains de vos personnages semblent écrire votre histoire personnelle. Vous êtes à la fois, montreur de marionnettes et de gens du voyage aux allures fières, si poignants dans leur malheur. Eugène De Bie, vous êtes proche d’Érasme et de cet esprit de la Renaissance qui approuvait la folie.

Vous avez connu la douleur de la mort de votre fille Bernadette, puis la révolte et un sentiment d’injustice. Pétri d’angoisses devant le gouffre de votre existence et la peur de la mort, votre œuvre se dirigea de plus en plus vers le fantastique. Dans la religion, vous y avez lu l’expression de la misère réelle. Lorsque vous représentez le Christ en marin, parmi les marins, c’est à l’Église que vous donnez une leçon d’humilité.

Eugène De Bie, vous étiez un homme simple et cette simplicité vous permettait de parler de vos jours de misère et de pauvreté. Elle vous autorisait à mentionner la joie acquise par votre travail et votre foi en vos propres raisons. Vous étiez fier d’un succès tardif où s’incarnait pour vous la projection des certitudes à venir. Grâce à votre œuvre, vous êtes présent parmi nous, avec vos tumultes, vos rêves et votre éternelle nostalgie du paradis perdu et que vous aviez retrouvé en Armorique. La mer s’en souvient, nous pouvons entendre les orgues de l’océan célébrer votre glorieux passage. Cet océan qui orna souvent la fenêtre de votre pauvre logis du Guilvinec.

Votre œuvre s’inscrit dans ce monde d’aventure spirituelle où la nef poétique met le cap vers l’inconnu. Vous aviez encore à dire. Vous n’avez pu le faire. Au bout de votre voyage, la mort s’est profilée. Ce voile sombre des passions de la vie que vous connaissiez si bien vous a recouvert, avec votre épouse, sur les routes du Finistère le 20 août 1983.

Madame Janine Sandres-Bodenschatz
Octobre 1999

L'oeuvre de de Bie ne se limite pas à la Bretagne

L’Artiste réalisa aussi de très nombreuses compostions, des dessins à l’encre de Chine, des dessins de diverses techniques, des paysages, des natures mortes, des portraits, des marines…

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Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

L’Artiste dans son atelier de l’Avenue Van Volxem à Forest/Bruxelles

Image d'oeuvres réalisées en Bretagne

Le carrosse brisé - Huile s/toile - 120x160 - 1967

ŒUVRE PREMONITOIRE DE L’ACCIDENT QUI COUTA LA VIE A MARTHE ET EUGENE DE BIE EN 1983