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l’artiste du mois


Tibor dengyel - artiste hongroi



Tibor Dengyel
Kolozsvar/Roumanie (Hongrie jusqu'en 1920) 8/11/1913
Bruxelles, 31/05/2000


Issu d'une famille qui compte bon nombre de peintres (amateurs), Tibor Dengyel manifeste très tôt un intérêt pour le monde de l'art. Il participe à sa première exposition à l'âge de 14 ans avec un autoportrait et entre à l'Académie des Beaux-Arts de Kolozsvar trois ans plus tard. Appelé à servir dans l'armée roumaine en 1935, il s'enfuit rapidement et aboutit à Budapest où il achève ses études à l'Académie des Beaux-Arts avant d'étudier l'histoire de l'art à l'Université de la ville. En 1948, il obtient une bourse de l'état hongrois, part pour la Belgique et s'établit à Bruxelles.

Sa première commande est la restauration de fresques dans l'église Saint-Servais à Schaerbeek/Bruxelles. A partir de 1949, la carrière de Tibor Dengyel se partage entre des voyages à travers l'Europe, la réalisation de nombreux portraits de personnalités belges et étrangères, différents travaux de restauration, le dessin de presse, l'enseignement de la peinture et de la restauration de tableaux ainsi qu'une série d'expositions en Belgique, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Italie et en Hongrie où une grande exposition rétrospective de son oeuvre a eu lieu à Budapest en 1997.

Outre les nombreuses commandes de portraits et les travaux de restauration, Tibor Dengyel a créé une oeuvre importante et diversifiée. Paysages, vues de villes, types populaires ou folkloriques, nus, bouquets, compositions fantastiques et scènes truculentes de kermesses ou de carnavals sont ses sujets de prédilection. Il affectionne les couleurs chaudes et pleines mais ne renie jamais les effets de clair-obscur ni les atmosphères un peu vaporeuses, notamment dans les paysages et les vues de villes. Il s'agit bien plus d'impressions attachées à un lieu que de la réprésentation fidèle d'une réalité. Et, par la densité de la matière et la subtilité du coloris, certains paysages évoquent une filiation avec les paysagistes hollandais du 17e siècle. Ses bouquets, d'une facture résolument classique, ont l'opulence d'un coin de nature sauvage.

La figure humaine, Tibor Dengyel l'a traitée de multiples manières. Profondément attaché au monde rural, à l'univers du cirque et des artistes de rues ainsi qu'aux marginaux, il a peint des êtres simples, dépouillés de tout artifice et représentés dans leur labeur ou dans leur solitude. Parfois, la conjonction d'un personnage et d'un paysage crée une oeuvre profondément dramatique comme c'est le cas pour "Le crieur" (1962) sur lequel plane l'ombre du "Cri " d'Edward Munch. A d'autres moments, le peintre se laisse tenter par le fantastique et mêle, au sein d'une même créature étrange et inquiétante, des éléments humains et végétaux. Enfin, nourri de légendes et fasciné par un passé immémorial, Tibor Dengyel a donné vie à une série d'êtres magiques, d'esprits des forêts à la fois ludiques, mystérieux et fascinants.

Mais c'est surtout dans la mise en scène de grandes kermesses, scènes de carnaval et autres réjouissances que Tibor Dengyel a donné le meilleur de lui-même. On sent ici très nettement l'inspiration des fêtes villageoises, des farandoles, cette joie gourmande qui illumine une existence régie par le rythme de la nature. Une profusion baroque de personnages, de couples, de masques, de petites scènes noyées dans la masse donne à ses tableaux une vitalité étonnante. Bosch, Brueghel et Ensor réunis au sein du même univers, voilà ce que Tibor Dengyel a réussi dans ces oeuvres qui restent pourtant tellement personnelles.



Didier Paternoster
Licencié en Histoire de l'Art (ULB Bruxelles)